La mort ou la vie ?
a) La description des cadavres
Ce poème de François Villon nous présente une description réaliste et macabre de la mort, qu’il tourne ensuite en dérision. C’est un tableau assez pittoresque qui fait référence aux mœurs de l’époque. La tradition qui voulait qu’on laisse les pendus sur le gibet révèle une réalité cruelle, présente dans le poème à travers les champs lexicaux du corps et de la décomposition, étroitement associés dans les vers 6 à 8. Par ailleurs, les expansions du nom sont nombreuses et les adjectifs sont très précis ce qui accentue le réalisme de la description. Enfin, on remarque des indications de lieu qui dirigent le regard du lecteur : «ci attachés» v. 5.
Le corps est omniprésent tout au long du poème, et plus particulièrement aux strophes I et III. Il apparaît d’abord globalement à la strophe I avec « la chair » au vers 6, puis précisé à travers la prise de parole des « os » au vers 8. Mais l’image qu’en donne Villon est celle d’une dégradation continue à travers le lexique du démembrement et de la décomposition : le démembrement, par opposition avec l’état antérieur de la chair bien « nourrie » : la chair « dévorée » (v. 7), les yeux « creusés » (v. 23), « arraché » la barbe et les sourcils (v. 24), « becquetés » (v. 28) ; la décomposition : la chair « pourrie » (v. 7), les os devenus « cendre et poudre » (v. 8), « lessivés et lavés » (v. 21), « desséchés et noircis » (v. 22). Le lexique est particulièrement réaliste et cru !
b) Un texte pathétique
Tous les éléments du corps évoqués sont systématiquement marqués par la dégradation propre aux cadavres que Villon fait parler. Ceux-ci font le constat du processus de décomposition auquel ils sont soumis, suscitant l’émotion et la pitié du lecteur. Le registre pathétique entre clairement dans la stratégie de Villon, appelant à la prière des hommes.
Le tableau offre une vision particulièrement cruelle aux vivants. Le jeu des allitérations, des