La politique doit t'elle s'appuyer sur des valeurs ?
1825 mots
8 pages
Petit déjà, les fables envoutantes et l'univers enchanteur de La Fontaine nous berçaient de leurs morales rassurantes semblant alors pointer du doigt des valeurs éthiques universelles. La Fontaine use et abuse du caractère esthétique de la fiction : à première vue colporteuses d'un enseignement purement didactiques la véritable portée des fables ne nous apparaît qu'en grandissant. Une série d'opérations subtiles permet la mise en place d'un brouillage ironique de ce que la fable est censée démontrer. La Fontaine établit un rapport complexe avec le lecteur : son écriture s'oppose au discours moralisateur qui fixerait des normes, des impératifs moraux. Par la bouche de l'un de ses personnages le romancier michel Rio exprime ce point de vue sur la littérature : "toute littérature digne de ce nom est utile par nature puisqu'elle vise à l'élucidation, pas à la leçon à l'élucidation." Manhattan terminus L'utilité de la littérature est pratique : la littérature nous délivre la connaissance sur un mode non-dogmatique. Elle n'est pas univoque mais propose au contraire des séries d'expériences morales propices à l'élucidation. Il faut la distinguer de la leçon, discours scolastique univoque. On ne lit pas, on élucide : l'élucidation fait la lumière sur les noirceurs de l'âme humaine. Processus de l'interprétation autonome, l'élucidation suppose d'envisager la part et la place du lecteur dans l'oeuvre littéraire. Comment la littérature, avec ses propres moyens, permet elle le dépassement de la leçon morale pour atteindre l'élucidation ? Où cette élucidation prend elle forme ? Le littérature, à la différence de la leçon, n'est pas univoque : le texte littéraire laisse raisonner plusieurs voix en jouant sur le fond et la forme. Mais la plurivocité de l'oeuvre littéraire réside aussi dans la discordance des voix qui mettent en place la declamatio. C'est dans l'interprétation autonome du lecteur que prend forme l'élucidation.
"Si claire est l'eau des