La question de la difficulté des noirs à se libérer de la suprématie des blancs dans une tempête d'aimé césaire
«...une adaptation d'après Shakespeare, qui s'appelle non pas La Tempête, mais Une Tempête. Parce qu'il y a beaucoup de tempêtes, n'est-ce-pas- et la mienne n'est qu'une parmi d'autres... » (Magazine littéraire, novembre 1969). Cette pièce clôt un « triptyque »- le drame des nègres dans le monde antillais (La Tragédie du roi Christophe), le volet africain (Une Saison au Congo) et celui des nègres américains (Une Tempête).
Ce qui importe pour Césaire, c’est donc le conflit entre « races » et entre classes sociales, alors que pour Shakespeare, l’intrigue centrale est politique.
Il y a deux autres ajouts importants : la spécification de la « race » des esclaves. Ariel est « mulâtre », c’est-à-dire métis, alors qu’il est un « esprit de l’air », un être féérique chez Shakespeare. Caliban est, quant à lui, un esclave « nègre ». Césaire fait s’inviter à la fête « Eshu : dieu-diable nègre » dont le but est de perturber la fête par ses provocations grossières. C’est une manière d’imposer encore une fois la rébellion, la révolte, comme thème fondamental de la pièce. Le véritable enjeu de l’œuvre est donc la liberté des esclaves, comme l’atteste le leitmotiv qui sera aussi le dernier mot de la pièce : « La liberté ohé, la liberté », prononcé par Caliban. Chez Césaire, Ariel et Caliban, qui ont la même condition d’esclave sont bien plus proches, même si leurs méthodes diffèrent : « nous sommes frères, frères dans la souffrance et dans l’esclavage, frères aussi dans l’espérance » ; leur long dialogue à l’Acte II scène 1 (p.35-38, édition Points) est donc aussi un ajout de Césaire.
Le personnage de Prospéro subit, lui aussi, des modifications non négligeables. Césaire dit :
« J'ai essayé de démystifier La Tempête (…). En relisant la pièce, j'ai été frappé par le totalitarisme de Prospéro (…). Je m'insurge lorsque l'on me dit que c'est l'homme du