LA QUESTION DE LA GUERRE DANS LE PROJET DE PAIX PERPETUELLE
24512 mots
99 pages
INTRODUCTION Dans son souci de faire de la paix le centre de la politique en Côte d’ivoire, le père de la nation ivoirienne Félix Houphouët Boigny affirmait : « la paix n’est pas un vain mot c’est un comportement ». C’est dire que les hommes politiques œuvrent à pouvoir inculquer à leurs citoyens ce comportement de paix afin d’éradiquer du milieu d’eux toute germe de guerre et de conflit. Le constat cependant est différent du résultat escompté. En effet, alors qu’on s’entend à la paix, la guerre s’impose comme inévitable. Faut-il pour autant croire à cette fatalité de l’histoire ? Le mal radical de la guerre est-il incurable ? L’extension à l’infini des capacités destructives rendue possible par les technologies dites ABC (Atomiques, Bactériologiques et chimiques﴿ confère plus que jamais un caractère impérieux à ce problème de philosophie politique et morale. Il ne s’agit pas seulement de la capacité pour notre espèce de se moraliser mais, plus fondamentalement, de ses chances de survie. Kant s’impose ici comme une référence incontournable. Toute sa philosophie peut s’interpréter à l’aune de la paix comme idéal régulateur de la raison critique.
La raison Kantienne est fondamentalement irénique. Cela est vrai, en particulier, de sa philosophie théorique. Faute d’une détermination préalable du pouvoir de la raison, la philosophie est vouée à des conflits incessants – querelles d’écoles certes moins meurtrières que les conflits armés mais qui contribuent à l’insociabilité de l’espèce. Sombrant dans une série de ‘’guerres intestines’’, les différents dogmatismes ont engendré le scepticisme, qui dénie à la raison tout pouvoir de connaissance. Le résultat de cet éparpillement est que la philosophie s’est scindée en une infinité de systèmes belligérants, revendiquant chacun pour sa chapelle le privilège de la vérité. Le champ de bataille de ces combats sans fin, voilà ce qu’on nomme Métaphysique.
Tant que