Le francais
ACTES DE LECTURE n° (septembre 1991) 35
LIRE ET ÉCRIRE DES RÉCITS AU CM
Jo MOUREY fait partie du Groupe d'Écriture de l'École Normale d'Auxerre (GEENY). Elle apporte ici sa contribution à la série de nos articles consacrés à l'interaction lecture/écriture en faisant part d'une expérience de plusieurs années au niveau d'une classe de Cours Moyen. Ce n'est qu'en 1985 que les Instructions Officielles précisent que la pratique de l'expression écrite est indissociable de la lecture. Jusqu'alors n'était mentionné aucun lien entre la lecture et l'écriture. Lire et écrire étaient considérés comme deux activités séparées. On disait que les élèves qui rédigeaient bien avaient un don pour l'écriture. Mais on reconnaissait toutefois que les bons lecteurs avaient plus de chances d'être bons en rédaction et on conseillait même de beaucoup lire pour mieux écrire. On reconnaissait donc sans l'expliciter l'existence d'un lien, d'une interaction entre lire et écrire. On peut penser que les élèves qui écrivaient bien utilisaient implicitement des techniques, des procédés mais aucun travail d'explicitation, de conscientisation, de théorisation n'était fait. Et il s'ensuivait, pour les productions, une évaluation peu pertinente. Qu'évaluait-on en effet ? L'orthographe, le vocabulaire, la syntaxe, la longueur, l'originalité, la ressemblance avec le style d'un auteur ? Une équipe1 dont je fais partie, à l'École Normale d'Auxerre, travaille depuis une dizaine d'années à partir de l'hypothèse que l'articulation étroite entre la lecture et l'écriture constitue l'élément majeur de l'apprentissage de l'écriture. Ces deux activités sont conduites conjointement et sont envisagées comme s'épaulant réciproquement. Un va-et-vient incessant est installé entre lire et écrire, va-et-vient qui favorise l'un et l'autre. Toutes les activités d'écriture proposées sont en prise directe avec la lecture et s'inscrivent dans la dynamique du travail de lecture,