Le langage
Ce que parler veut dire
Introduction
C’est par le langage que se manifeste l’expérience humaine du temps. C’est par le langage que je m’inscris dans la temporalité. Si le discours est bien ce qui m’attache au temps et ce par quoi je m’inscris dans la temporalité, ce discours est aussi lui-même quelque chose qui dure. Il existe donc aussi un temps du discours, une temporalité linguistique. Ce temps linguistique est lié à l’exercice de la parole et le présent c’est l’instant où la parole est en acte. Quand je parle, moi locuteur, et que je raconte ma journée, mon « aujourd’hui » devient aussi celui du récepteur, de celui qui m’écoute. Autrement dit le temps de mon discours devient aussi le temps linguistique de celui qui m’écoute. Le locuteur et le récepteur participent à la même temporalité, ils se situent dans un lieu ayant une référence commune. « Telle apparaît la condition d’intelligibilité du langage révélée par le langage : elle consiste en ce que la temporalité du locuteur, est identifiée par celui-ci à la temporalité qui informe sa propre parole quand il devient à son tour locuteur » Benveniste, Le langage et l’expérience humaine, in Problème du langage. Cette participation à un même référent, montre que le langage ne se constitue pas dans une sphère solitaire, dans une subjectivité solipsisme, mais que le temps linguistique est l’œuvre d’une intersubjectivité. Le langage est non seulement le lieu par lequel je suis en relation avec moi-même (quand je pense, je me parle), mais c’est aussi le lieu où l’intersubjectivité se réalise.
Dans ce lieu, le langage se dédouble : je parle, et je veux mener une réflexion sur le langage. Le moyen de réfléchir sur le langage est le langage lui-même : discours sur le discours. Réflexion « modèle » de toute réflexion philosophique.
Le langage : entre nature et artifice.
Le langage fait partie du champ de l’expérience. Il est sujet aux accidents historiques, aux mutations qui naissent des