Le pont mirabeau
Lecture analytique n°1 : Guillaume Apollinaire, « Le Pont Mirabeau »,
Alcools, 1913 (hors manuel)
Alcools, dont le titre primitif était «Eau de vie» est paru en 1913. Ce poème est le second du recueil. Il date de 1912, époque de la rupture avec Marie Laurencin (peintre). « Le pont Mirabeau » a pour cadre Paris comme « Zone » qui le précède. Et il est suivi par la « chanson du mal-aimé » qui traite aussi du thème de la rupture amoureuse.
Ami des peintres Derain et Picasso, Apollinaire est sensible à la nouvelle esthétique cubiste. C’est cette modernité que l’on retrouve dans nos vers inscrits pourtant dans la tradition de la poésie amoureuse. C ‘est un poème de l’ambivalence : ancien et nouveau, un chant de la rupture, un poème qui possède la fluidité de l’eau et la fixité de la pierre.
Enfin, le cadre parisien et le pont symbolisent l’amour perdu.
Composition : 4 strophes de 3 décasyllabes dont le deuxième a été séparé en deux vers, l’un de 4 syllabes, l’autre de 6, ce qui crée un effet particulier de rythme lent et languissant, accentué par les deux heptasyllabes du refrain.
UN POEME CLASSIQUE ET MODERNE
1) Classique
-Apollinaire a choisi le grand vers lyrique : le décasyllabe. Chaque strophe se compose de trois vers aux rimes féminines suivies qui auraient du former un tercet.
-L’ensemble est composé comme une chanson avec son refrain sur l’amour malheureux et la fuite du temps.
-Le sujet (l’amour) est traditionnel.
-Certaines tournures présentent des formes archaïques «Faut-il qu’il m’en souvienne », « nos amours ». On peut remarquer l’ambiguïté du subjonctif « Vienne la nuit » qui peut correspondre soit à un souhait (que vienne l’heure du RDV) soit à une opposition (bien que l’heure vienne, je suis seul).
Cette ambivalence des mots et des constructions fait basculer le poème vers la modernité. 2) Moderne
-Le grand vers lyrique est rompu, brisé en deux (4+6),