Lecture analytique n°1 :
François Rabelais, Prologue de Gargantua.

Introduction :

Imprégné des idées défendues par la « République des Lettres » l'oeuvre des humanistes se distinguent de la scolastique par le recours au références antiques et le constant soucis de réhabiliter la foi en l'Homme, préoccupation essentielle de leur vision du monde. L'Homme devient la mesure de toute chose. Fervent zélateur de cette mouvance et bête noire des théologiens de la Sorbonne, Rabelais en devient l'une des figures de prou grâce à la publication de deux romans, qui, bien que censurés, diffuseront vers un public plus large la hardiesse d'une pensée délivrée par le truchement du rire. Au-delà des personnages épiques et gigantesques se dessine une certaine vision parodique de la société contemporaine. Considéré comme l'instigateur de la veine romanesque, ce moine franciscain, père de deux enfants, hélléniste et médecin, grand admirateur de Budé et Erasme, François Rabelais publie, sous le pseudonyme d'Alcofribas Nasier le prologue de Gargantua en 1534. On s'attend donc à une présentation du personnage éponyme, père de Pantagruel dont les tribulations sont restées mémorables. Mais avant de s'y livrer, l'auteur se lance dans une apostrophe et initie le lecteur à une interprétation « à un plus haut sens » de ses joyeuses fictions condamnées par l'Eglise. Il apparaît donc essentiel de prendre en compte cette invitation adressée au lecteur, l'enjoignant de se rendre attentif aux multiples sens de l'oeuvre : c'est un texte crypté qu'il lui faudra parcourir. Quelle est donc la fonction principale de ce récit et par quels procédés François Rabelais parvient-il à nous « conditionner » afin de nous faire adopter une nouvelle posture de lecteur face à la richesse de son roman ? L'extrait se structeur autour de trois temps : après l'adresse fait aux lecteurs ou captatio benevolentiae, le locuteur se lance dans une vaste argumentation qui procède par induction. L'exemple