Les fenêtres dans fin de partie
Fin de partie de Beckett met en scène un huis clos qui réunit quatre personnages dans un mystérieux « refuge ». Mais l’espace scénique décrit par la première didascalie comporte trois ouvertures : une porte menant à la cuisine, à droite de la scène, et deux fenêtres, « petites » et « haut perchées », au fond de la scène, sur les murs de gauche et de droite. L’une des premières choses que fait Clov dans la pièce, c’est d’ouvrir les rideaux qui couvrent ces fenêtres. A plusieurs reprises, il regarde par les fenêtres et décrit à Hamm ce qu’il voit. Les fenêtres apparaissent donc comme une interface entre l’intérieur du « refuge » où sont cloîtrés les personnages, et le monde extérieur. Cependant, elles ne semblent offrir qu’une perspective de désolation et ouvrir sur un néant. On peut donc se demander à quoi servent ces fenêtres.
I. Une place cruciale dans la constitution de l’espace scénique et de l’espace dramatique
1. Les fenêtres structurent l’espace scénique. Au même titre que la porte de la cuisine ou le fauteuil de Hamm, les fenêtres constituent un pôle d’attraction régulier pour les déplacements de Clov. Elles accentuent l’aspect géométrique de l’espace (symétrie gauche/droite ; dualité : comme les poubelles, comme les deux couples ; placées en hauteur : dans le travail d’arpentage de Clov, fait de lignes, de diagonales, etc., elles ajoutent la verticalité : mouvement du regard de bas en haut, déplacement du corps quand Clov monte sur l’escabeau : mise en relief du caractère « cubique » de l’espace ; comme celui de la cuisine… lecture analytique de la 1re didascalie).
2. Elles suscitent aussi une interrogation et des hypothèses sur le lieu où se trouvent les personnages. Ce qui frappe le spectateur d’emblée, c’est la difficulté qu’il y a à accéder à ces fenêtres « haut perchées », que Clov ne peut atteindre qu’en utilisant un escabeau, comme s’il avait « rapetissé »,