La vestale, on le sait, devait conserver sa virginité pendant toute la durée de son service religieux1. Le manquement à ce devoir constituait un incestus. La prêtresse n'était pas alors la seule justiciable du grand pontife, qui jugeait également le suborneur. C'était le seul cas où le grand pontife pût prononcer la peine de mort. Sa compétence a été maintes fois exercée au cours de la République2. La procédure se déclen chaità la suite d'indications diverses, souvent cumulées. Parfois une dévestale3. Parfois le comportement de la vestale elle-même éveillait les soupçons : ainsi la toilette élégante et l'esprit primesautier de Postumia, qui se plaisait en la compagnie d'hommes, alertèrent-ils, à tort cepen dant, le grand pontife4. Mais ce fut à juste titre que les soupçons se por tèrent sur la vestale Minucia «d'abord à cause de sa parure» précise Tite-
Live5.
D'autres signes pouvaient aussi attirer l'attention, telle l'extinction du feu sacré6. Le plus souvent, la découverte du crime se produisait à la suite de prodigia ou d'une pestilentia qui dirigeaient l'enquête vers les vestales7. La justice pontificale se situait à la frontière entre le droit sa cré et le droit public. L'élimination des condamnés obéissait à des modal itéss pécifiques. Inexpiable au regard de la religion, le crime était puni d'ensevelissement pour la vestale et de flagellation à mort pour son complice. La justice pontificale, produit de la collision entre droit sacré et droit public
La justice pontificale était à la mesure du crime, particulièrement grave pour l'État, qu'elle avait à juger. Elle présentait moult traits singul iers dans ses fondements comme dans ses modalités d'exercice.Les fondements de la compétence pontificale
Les auteurs anciens faisaient remonter la juridiction pontificale au temps des rois8. Il serait pourtant vain de chercher sous la Royauté un fondement à la compétence du grand pontife. Si celui-ci est devenu préé minent à l'époque