Lit canadienne
La présence d’une littérature d’expression française sur le continent américain constitue un phénomène exceptionnel. Cette littérature a dû se constituer, grâce à la vigilance et à la résistance permanentes de ses habitants, deux défis redoutables. Le premier défi, d’ordre géographique et démographique, était de s’épanouir et de survivre au sein d’une écrasante majorité anglo-saxonne. Le second, tient au destin historique de la minorité francophone. La conquête anglaise aurait dû entraîner l’assimilation totale des anciens sujets français. Refusant cette fatalité, la société française a misé sur sa littérature pour assurer la survie de sa langue.
La littérature d’expression française d’Amérique du Nord est distincte de la plupart des autres littératures par le fait qu’elle a subi plusieurs changements d’identité profonds.
1. La première métamorphose transforme la Nouvelle-France en Canada, le Français en Canadien. Désignant d’abord chez Cartier la région qui longe le Saint-Laurent, depuis Grosse-Ile à l’est jusqu’à Stadaconé (future ville de Québec) à l’ouest, le Canada ne cesse de s’agrandir jusqu’à englober la Nouvelle-France entière.
2. La Conquête de 1760 changera le destin de la colonie française. Après le régime militaire anglais (1760-1763). La Proclamation royale de 1763 abolit le droit canadien qui sera remplacé par le droit anglais. Les Canadiens protestent : ils veulent garder leur caractère français, leur langue, ce qui leur est accordé par l’Acte de Québec, 1774. La littérature canadienne renaîtra grâce à la Conquête. Les Canadiens gardent leur nom, leur identité française jusqu’en 1867. Cependant une crise d’identité se confirme avec la Confédération, 1867. Le nom de Canada s’applique à l’ensemble du nouveau pays, qui sera anglais de façon prépondérante. L’introduction du terme Canadiens français permet alors de démarquer les francophones des anglophones. On appellera Britanniques les