Musset. Lorenzaccio.
Qu’Alfred de Musset n’ait pas conçu Lorenzaccio pour la scène, mais comme un « spectacle dans un fauteuil », constitue-t-il un handicap pour une mise en scène ? Intro : Musset déçu par la réception des toutes premières pièces écrites renoncement à écrire pour être joué, mais pas à écrire du théâtre, un de ses deux genres de prédilection (avec la poésie) : il aime créer et faire vivre des personnages dans lesquels il se projette souvent. Anne Ubersfeld : « L’œuvre que l’on tient actuellement pour le prototype du drame romantique, sa réalisation la plus accomplie, n’est nullement écrite pour la scène, mais si l’on peut dire contre elle ».
I - Une liberté de création absolue.
A - Dégagé des contraintes matérielles que représentent le plateau et la mise en scène, Musset ne se limite en rien : multiplicité et changement rapide de lieux, grand nombre de personnages ( 40) ; durée requise pour développer l’histoire (non limitée par la longueur habituelle d’une représentation : spectacle de plusieurs heures si on jouait l’intégralité de Lorenzaccio).
B – Trois intrigues intriquées dans Lorenzaccio (Lorenzo, Strozzi, Cibo) : complexité de la composition que le lecteur peut plus facilement comprendre, quitte à relire, à revenir quelques pages en arrière ≠ besoin pour le spectateur d’une structure directement intelligible, d’une intrigue claire, qui donne à la pièce un dynamisme..
C – Tout sujet est envisageable pour un « spectacle dans un fauteuil » : la débauche, la cruauté, la contestation de la monarchie peuvent figurer dans un livre plus facilement que sur une scène, surtout en 1830. Cf. note du comité de censure du 23 juillet 1864, adressée au directeur de l'Odéon : « Nous ne croyons pas que cette œuvre, arrangée telle qu'elle est, rentre dans les conditions de représentation du théâtre. Les débauches et les cruautés du jeune duc de Florence Alexandre de Médicis, la discussion du droit d'assassiner un souverain dont les crimes et les