L’œuvre dont est extrait le présent texte est roman courtois intitulé «Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut » et qui fut renommé « Manon Lescaut » qui est le troisième volume des « Mémoires et aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde » publié entre 1731 et 1753. Son auteur est Antoine François Prévost plus connu sous son nom ecclésiastique Abbé Prévost n’est pas qu’un romancier mais également un journaliste, un historien, un traducteur et homme d’Eglise français. Suite à une lettre de cachet, il est obligé de fuir la France pour se réfugier à Londres puis en Hollande. C’est là bas qu’il publiera son roman en trois volumes sous le pseudonyme Prévost « d’Exiles ». L’extrait que nous étudierons fait suite à la mort de Manon en Louisiane. La narration de l’enterrement de celle-ci est le sommet de la dimension pathétique et mélancolique du roman. Afin de comprendre par quels procédés d’écriture est retranscrit le deuil profond qui imprègne cette scène, nous allons dans un premier temps montrer en quoi cet extrait un ultime hommage amoureux dédié à Manon puis dans un deuxième temps nous remarquerons en quoi le Chevalier des Grieux se transforme en un héro pathétique par se sacrifice de soi et en quoi son attitude prostrée confère au récit le caractère d’un deuil sans cesse renouveler.

Le texte de l’Abbé Prévost est ambigüe, en effet, cette scène de l’ensevelissement est plus qu’un simple deuil dans la mesure où le Chevalier des Grieux la transforme en une scène d’amour qui prend vite la tournure d’un culte voué à Manon en plus d’être un éloge funèbre.
Effectivement, cette scène qui devrait n’évoquer que douleur et mélancolie est transformée par l’utilisation du vocabulaire du corps tel que « la bouche » ; « le visage » ; « les mains » en une scène d’amour d’autant plus que ces trois termes sont utilisées dans la même phrase. Coupé du reste de l’extrait, la phrase « je demeurai plus de vingt-quatre heures la bouche attachée sur