Melancholia hugo
10
15 |Où vont tous ces enfants, dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs, que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont de l’aube au soir faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d’une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d’airain, tout est de fer.
Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! La cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! » |
5
10
15 | | |
Etude du poème « Mélancholia » de Victor Hugo
Introduction :
Ce poème, datant de 1838 (mais certainement composé en plusieurs fois entre 1834 et 1855), appartient au recueil « Les contemplations ». Il emprunte son titre « Mélancholia » à une gravure de l’artiste allemand Dürer (1471-1528) représentant un ange triste et pensif. Tel est en effet l’état d’esprit du poète quand il contemple la société de son temps. Ce long poème, dont nous n’étudions qu’un extrait, se présente comme une suite de tableaux dénonçant les injustices sociales. Notre extrait est consacré au travail des enfants dans les usines. Il est organisé en quatre parties : le défilé des enfants qui vont travailler (v.1 à 3), l’évocation des conditions de travail (v.4 à 11) et de leurs effets sur les enfants (v.12 et 13), puis la prière des enfants qui se plaignent à Dieu (v.14 à 16). Nous étudierons tout d’abord l’aspect documentaire du poème, puis nous verrons d’autres moyens de dénoncer le travail des enfants mis en jeu par le poète engagé qu’est Victor Hugo.
Première partie : L’aspect documentaire.
1. Le type de travail.
On trouve le champ