Pantagruel analyse
François Rabelais
LE TITRE ET LE GENRE
1. Le titre du Pantagruel mentionnant des « faits et prouesses », il s’agit d’un récit épique. Celui du Gargantua est moins explicite sur ce point, mais l’épithète inestimable respecte l’isotopie de la démesure propre à l’épopée. Autre renseignement générique : épouvantables, horrible, le nom et le titre de l’« auteur » relèvent du registre comique. Nous sommes donc dans l’imitation parodique des récits médiévaux, mêlant les codes épique et chevaleresque (cf. le titre de « roi »). En outre, Gargantua et Pantagruel sont initialement des personnages du folklore : le genre des récits populaires est également convoqué. Mais le nom Pantagruel surprend. Le public de l’époque le connaît sous la forme Penthagruel, nom d’un petit diable ailé, fils de Proserpine, parcourant les régions marines et, la nuit venue, jetant du sel dans la gorge des ivrognes pour leur donner soif. Le titre annonce donc d’emblée un décalage (entre un petit diable et un héros épique gigantesque) destiné à provoquer le comique mais aussi une attente. Enfin, le pseudonyme Alcofribas montre que, pour son premier roman, Rabelais choisit de masquer sa véritable identité, qui plus est sous un nom visiblement faux. Ce pseudonyme, anagramme de François Rabelais, réunit de façon comique diverses notions : Alcofribas évoque le mot alcool, d’origine arabe, Nasier désigne le « nez » mais c’est aussi le nom d’un sarrasin dans le Gaufrey (roman de chevalerie) ; l’« abstracteur » est un alchimiste qui extrait la « quintessence », partie la plus pure de l’alcool. Si l’auteur se dissimule sous un masque aux facettes multiples, le contenu du roman, mêlant les genres, déjouant les attentes, obéit aussi à ce principe de mystification. Il s’agit de créer un univers romanesque aux possibilités interprétatives multiples.
LE REGISTRE COMIQUE
2. On relève chez Rabelais plusieurs formes de comique : – le comique carnavalesque : les fêtes de carnaval sont