Poésie
I - a) Les poèmes à forme fixes vont parfois jusqu’à épuiser le genre.
Le sonnet est une forme fixe inventée par Pétrarque et reprise au XVI par les poètes de l’école Lyonnaise et de la Pléiade. Ces derniers ont fixé l’âge d’or de ce genre et ont perfectionné ses règles, notamment au niveau des rimes. Les nombreux sonnets de Ronsard, dédiés aux femmes qu’il aime (Marie, Hélène) ont d’abord séduit, puis ennuyé certains lecteurs. Molière, un siècle plus tard parodie l’apparition du sonnet dans le Misanthrope (Acte I, scène 2). Le sonnet porte ici la marque de sa propre décadence et ce genre ne sera plus repris avant le XIXème siècle.
b) Les contraintes formelles peuvent dénaturer la beauté du vers.
Le sonnet est considéré à juste titre comme le plus difficile des poèmes à forme fixe. Boileau décrit ses lois dans L’art poétique: le sonnet est composé de deux quatrains et de deux tercets en alexandrins, il respecte les rimes ABBA/ ABBA/ CCD/ EED. Le dernier vers constitue la pointe du sonnet et s’apparente à une chute : le poète doit y créer un effet de surprise. Cette forme fixe est donc particulièrement ardue à respecter pour le poète, qui doit jouer sur les mots. Mais elle ferme aussi la liberté d’expression du poète, qui sans pouvoir laisser s’écouler librement ses sentiments doit les adapter à sa forme particulière et les modifier pour qu’ils s’y conforment.
c) Les contraintes formelles dénaturent donc les émotions des poètes.
Ronsard dans ses Sonnet pour Hélène, notamment dans son sonnet LXV n’exprime plus son amour envers Hélène, mais envers une déesse lointaine et inaccessible.
«Les hommes sont en terre, et Jupiter aux cieux »
Cette distance accentue les reproches que le poète adresse à Hélène et construit le poème sur une opposition entre leurs statuts sociaux et leurs caractères. Dans son ode, "L’Amour piqué par une