Une société n’est pas vraiment civilisée si elle n’est pas décente, c’est-à-dire si elle ne préserve pas les droits fondamentaux et la dignité des personnes humaines et si elle évite de pratiquer à l’égard des minorités ou de tout individu, une forme d’humiliation et de ségrégation (comme on pouvait le voir en Afrique du Sud avec l’apartheid ou aux Etats-Unis avec la population noire autrefois). Une société civilisée doit aussi fondamentalement rester juste à l’égard des plus faibles auxquels elle doit assistance et protection : une société « avancée » en ce sens n’est pas celle qui a le plus de moyens techniques mais celle qui sait se soucier des plus pauvres, se préoccuper de justice sociale, de solidarité. Ainsi, dignité, égalité, solidarité sont les valeurs cardinales qui permettent d’être des critères pertinents nous montrant la valeur d’une civilisation dans sa capacité à être « humaine », juste, tolérante et non pas simplement puissante. Liberté, égalité, fraternité sont les valeurs de la république. Il n’est pas inscrit sur les frontons de nos mairies « efficacité, performance et croissance » parce qu’en République les valeurs essentielles ne sont pas techniques ou économiques mais doivent d’abord avant tout être éthiques.
Si la technique est donc aussi risque et dépossession, elle ne peut donc pas être le critère principal de la valeur d’une civilisation : peut-être une civilisation vaut-elle véritablement pour l’histoire si elle reste capable de maîtriser son propre destin et de se fixer pour elle-même des valeurs humaines sans lesquelles la notion de « progrès » n’a aucun sens. C’est donc par sa capacité à ses donner des fins, donc par ses valeurs morales, par sa culture et sa richesse spirituelle qu’on peut estimer la valeur d’une civilisation et non simplement par son développement