Puis-je penser ce que je veux?
I Le caractère inaliénable de la liberté de penser.
1) Droit naturel et pensée.
Selon Spinoza, " il ne peut se faire que l'âme d'un homme appartienne entièrement à un autre ; personne en effet ne peut transférer à un autre, ni être contraint d'abandonner son droit naturel ou sa faculté de faire de sa raison un libre usage et de juger de toutes choses.". Spinoza part d'une constatation de fait qui semble évidente : la pensée est du domaine de la conscience intérieure. Or la conscience est inaccessible à autrui. Il semble clair qu'aucune personne et aucun État ne semble pouvoir faire en sorte que les sujets admettent comme vrai et rejettent comme faux ce qu'il aura décidé tel. On peut régenter les paroles et les actes mais non les esprits. On peut forcer quelqu'un à dire que 2+2=5, on ne peut l'empêcher de penser en son for intérieur que cela fait 4. L'Église parvint à forcer Galilée à dire que la terre est le centre du monde et qu'elle est immobile. Elle parvint à limiter sa liberté d'expression mais Galilée n'en pensait pas moins " Et pourtant elle tourne "
Spinoza parle de droit naturel. Cela tient en effet à la nature de l'homme et ici à sa nature d'être raisonnable doué d'une pensée inaccessible à l'autre, d'une conscience intérieure, strictement personnelle. Moi seul sais ce que je pense et nul n'y peut rien. Cela tient à la nature même de la pensée. " Si considérable que soit donc le droit dont une souveraine puissance dispose en tous domaines, si fermement que lui soit reconnu son rôle d'interprète, et du droit humain et du culte le plus fervent, jamais cependant les sujets ne pourront être empêchés de porter des jugements de tout ordre, à leur gré, ni de ressentir tel ou tel sentiment à titre individuel."
Allons plus loin : si une personne elle-même voulait se dessaisir de son propre droit de penser, elle ne le pourrait pas. Ce qui caractérise l'homme, ce qui le définit est la pensée. Nous sommes pour soi et non seulement en soi et nous