Rhinocéros - ionesco : métamorphose de jean

2484 mots 10 pages
« Penser contre son temps, c’est de l’héroïsme », disait Ionesco. « Mais le dire, c’est de la folie ». C’est pourtant cette folie que nous montre le dramaturge à travers son œuvre Rhinocéros parue en 1959, folie inspirée de son expérience personnelle d’anti-auteur, lui qui est resté seul face à la montée du nazisme. On le reconnaît ainsi dans son personnage Béranger : venu se réconcilier avec Jean et lui annoncer la contamination de M. Boeuf, leur collègue, il constate que son ami devient lui-même « de plus en plus vert »... A partir d’ici, nous nous demanderons quels sont les éléments qui font de cette première métamorphose visible d’un être humain en rhinocéros une farce tragique dénonçant le totalitarisme : pour cela, nous nous pencherons d’une part sur les différentes tensions qui perdurent tout au long de la scène, puis d’autre part sur l’intérêt du grotesque philosophique.

La tension est en effet quelque chose de marquant tout au long de cette scène : elle est présente non seulement dans l’animation dialogue, mais encore dans les contrastes entre les personnages et leurs désaccords, qui s’en vont croissant. Tout d’abord, le rythme de la conversation est rapide : les phrases sont courtes, juxtaposées (« Parlez plus distinctement. Je ne comprends pas. Vous articulez mal. ») voire inachevées et marquées par des points de suspension, auquel cas elles ne présentent que des raisonnements incomplets : en effet, Bérenger tente vainement d'argumenter (« Car, vous le savez aussi bien que moi, l'homme... », ou encore « Je veux dire l'être humain, l'humanisme… » et « Enfin, tout de même, l'esprit... »), aussitôt interrompu par son interlocuteur. Insistant sur la diligence du rythme, les répliques sont brèves (« Des bêtises ! »), s'enchaînent vite, donne une impression de rebondissement (« Car, vous le savez aussi bien que moi, l'homme... » « L'homme, ne prononcez plus ce mot »). Différentes particularités traduisent la vivacité du dialogue : des interdictions qui

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