Rousseau profession de foi du vicaire savoyard. sytème du monde
« Le mal général ne peut être que dans le désordre, et je vois dans le système du monde un ordre qui ne se dément point. »
Rousseau, La profession de foi du vicaire savoyard.
La question du mal, pierre d’achoppement de nombreux systèmes philosophiques, devait naturellement trouver sa place dans l’œuvre de Rousseau et la théodicée qu’il tente d’établir dans la Profession de foi du vicaire savoyard. Comment, dans un monde qu’il estime globalement parfaitement ordonné, ce qui démontre l’existence d’un créateur intelligent, justifier l’existence, incontestable, du mal ? Pour résoudre ce problème, Rousseau propose une solution qui repose sur la distinction entre mal général et mal particulier : estimant que « le tout est bien », il s’emploie à montrer que le mal que l’on observe sur la terre est le seul fait de l’homme et de la société humaine.
Pour conclure le développement de sa pensée, il fait dire au vicaire : « Le mal général ne peut être que dans le désordre, et je vois dans le système du monde un ordre qui ne se dément point. », assertion que l’on se propose d’étudier pour analyser l’argumentation développée par Rousseau dans cette première partie de la Profession de foi du vicaire savoyard.
On s’attachera à examiner le postulat de Rousseau selon lequel on observe « dans le système du monde un ordre qui ne se dément point », et les conséquences qu’il implique sur sa théodicée. On cherchera ensuite à expliciter la distinction qu’il établit entre mal particulier et mal général afin de fonder une critique de l’homme social. Enfin, on tentera de resituer cette idée dans son contexte historique, à travers son débat avec Voltaire à propos du désastre de Lisbonne.
Afin de prouver l’existence de Dieu, Rousseau adopte un cheminement classique : il passe de la contemplation des beautés de l’univers à l’idée d’un créateur ; mais, de manière plus originale, ce ne sont pas tant les merveilles particulières de la nature qui