S’il nous est impossible d’estimer précisément quand et de quelle manière les hommes ont commencé la construction d’une véritable vie sociale organisée, législative, il reste en tout cas certain que de tous temps, les hommes, quand déjà ils étaient appelés ainsi, se sont dotés — ou se sont vus subir — une gouvernance, quel que soit son type ou le nombre d’individus qui composent celle-ci.
Ainsi, nous sommes en droit de nous demander : si les hommes ont toujours vécu ainsi, voulaient-ils toujours d’un gouvernement, ou cela est-il la conséquence de l’existence innée de rapports de force entre les humains, inhérents, donc, à une société ? Un gouvernement est-il nécessaire à l’homme, du moins tant que celui-ci vit en groupe ? Qu’est-ce alors vraiment que gouverner ?
En nous demandant si les hommes ont besoin d’être gouvernés, nous nous demandons aussi, par extension quelle est la nature de l’homme en certains aspects, car un besoin de délégation et d’arbitrage voulu — en tout cas, accepté — par les hommes pour gérer leur vie sociale, implique la nécessité ou non pour les hommes d’être gouvernés, avant leur désir même de l’être.
Ainsi, nous allons dans cette étude tenter de déduire le besoin ou non des hommes à être gouvernés, et pour cela, nous allons, tout d’abord, définir ce que serait l’Humanité sans loi ni gouvernement pour la régir, puis nous interroger sur l’homme en lui-même dans son désir d’être gouverné, «mené» — un gouvernement nécessaire parce que voulu —, avant de conclure sur la vanité ou non de l’évolution, non physique, mais psychologique, morale de l’être humain, qui le mènerait, si elle était concrétisée, à une sorte d’utopie non de l’homme, mais des hommes, en