Syndicalisme et démocratie
Catherine Panassier- Juin 2007
Résumé
Dans la conscience collective, l’histoire des syndicats se conjugue avec les longues et douloureuses luttes des ouvriers. Et bien que les syndicats soient autorisés en France depuis la loi du 21 mars 1884 de Waldeck-Rousseau, ce sont surtout les grèves de 1936 qui ont marqué les mémoires. À la fin de la deuxième guerre mondiale, la pression des syndicalistes permet d'obtenir des transformations fondamentales. Au fil des années, le syndicalisme se développe, le travail devient emploi, la situation du travailleur devient condition salariale et une véritable société salariale se met en place apportant protections et droits au travailleur et, comme le précise Robert Castel, accès aux propriétés sociales : la retraite et la sécurité sociale. Les évènements de mai 68 renforceront encore l’influence des syndicats. Cependant, la crise économique des années 70 va profondément modifier leur mode de fonctionnement, leur mission et leur influence. Avec la crise salariale, ils perdent leur « base ». Entre 1970 et 2006, le taux de syndicalisation a été réduit par trois. Les syndicats sont devenus essentiellement des gestionnaires d'institutions sociales (UNEDIC, Sécurité Sociale...). Ils semblent impuissants devant les bouleversements qui s'opèrent dans le monde du travail, le malaise social, l'aggravation de la précarité et des exclusions. Plus encore que leurs voisins européens, ils apparaissent coincés dans la défense d’intérêts de secteurs encore protégés et montrent des difficultés à se reconstruire et à faire face aux importantes mutations de la société. Dans ce contexte, on peut s’interroger sur leur influence sur les politiques conduites et surtout sur leur aptitude à être représentatif et à favoriser l’exercice démocratique.
Sommaire I Syndicats d’aujourd’hui : éléments de constat p.3
II Professionnalisation et désyndicalisation : deux caractéristiques de l’histoire