A. Une poétique ambivalente.
1. Préface à Arsène Houssaye. La préface au Spleen de Paris, qui est en fait une lettre de Charles Baudelaire à Arsène Houssaye, homme de lettres français et ancien ami de ce dernier, a pour but d'attiser la curiosité du lecteur sur cette oeuvre. Or, une préface s'adresse généralement au lecteur en plus du destinataire direct - qui est ici Arsène Houssaye, et Baudelaire s'attaque à ce dernier, donc par définition, il s'attaque au lecteur. Ce paradoxe l'entraîne donc dans une situation rhétorique, car en détruisant son lecteur, Baudelaire se détruit lui-même ; De plus, en utilisant le terme " Petit " dans Petits poèmes en prose il se sous estime et incite donc le lecteur à lire ce recueil, pour juger par lui-même s'il vaut vraiment la peine d'être lu. Charles Baudelaire a donc une relation ambigüe avec le lecteur ; Le provoque-t-il ou serait-il simplement modeste ? Cette préface contient de nombreux sous-entendus qui, une fois déchiffrés, peuvent faire penser à une offrande empoisonnée. En effet, il offre un "serpent" au lecteur pour se venger d'avoir condamné les Fleurs du mal ; Ce recueil, dans lequel les poèmes étaient organisés dans un ordre précis, fut condamné par le juge le 7 Juillet 1857 pour outrage à la morale publique et offense à la morale religieuse. Charles Baudelaire sera ensuite considéré comme un poète maudit, suite à la publication d'une brochure de Verlaine en 1884 incluant aussi Rimbaud, Mallarmé et Corbier. Dans cette préface, le lecteur attend de Baudelaire une définition du genre de son recueil, composé de poèmes en prose ; Or, Baudelaire définit le poème en prose comme étant de l'indéfinissable, comme "quelque chose (Si cela peut s'appeller quelque chose)". La préface du Spleen de Paris a donc pour but de faire une théorie et une histoire du poème en prose, pour nous dire que le poème en prose n'a pas de théorie possible ; Le poème en prose est, pour Baudelaire,