Travail
1. Le travail est-il punition ou essence même de l'homme ?
« Tu travailleras à la sueur de ton front. » Dans la Genèse, le travail prend la forme d'une ultime punition de Dieu faite à l'homme qui ne pourra plus simplement récolter les fruits de la nature sans effort. Cette conception se retrouve au cœur même de l'étymologie du travail : tripalium, qui désigne un instrument de torture.
N'est-ce pas par l'effort même que l'homme peut construire son humanité ? Par le travail, nous nous confrontons à la nécessité du réel et nous construisons une activité intelligente pour dominer en partie la nature (dont nous faisons partie) et la spiritualiser. Ainsi Kant (1724-1804) voit-il dans cette contrainte la seule source pédagogique de la formation de l'être humain, l'être moral capable ainsi de dépasser une partie de sa nature violente et immédiate et de construire sa liberté.
Mais peut-on alors parler d'un travail dans le monde animal ? Si des analogies sont possibles entre l'activité animale et le travail humain, les différences restent essentielles. Le travail humain est la réalisation d'un projet conscient qui passe nécessairement par une représentation préalable et qui se complète par la recherche et la fabrication d'outils complexes. Réservons donc le terme de travail pour l'action humaine et ne l'appliquons pas au monde animal.
2. Le travail comme médiation et source de liberté
Le travail constitue une médiation entre la nature et la culture humaine. C'est lui qui confère à l'homme le statut d'humain, capable de transformer la nature et ainsi de se transformer lui-même sans cesse. Cette dialectique met bien en évidence qu'il n'y a pas de nature humaine, ou plutôt, que s'il y a nature, c'est d'être culture, en devenir par l'action. Ainsi l'homme est-il un être à éduquer par le travail. Dans cette transformation de la nature par le travail, l'homme se reconnaît et reconnaît sa propre nature ; il y construit sa liberté.
Le travail établit