Travailler, est-ce seulement être utile ?
Mais plus encore que cette dimension n'est peut être pas la seule et peut-être pas la dimension essentielle. Plus précisément il s'agit d'interroger la nature de cette utilité, ce qui la dépasse et enfin la valeur de cette utilté pour le cas où elle dénaturerait le travail.
I La dimension utilitaire du travail I.1 Le travail répond avant tout à la nécessité vitale, aux besoins de la survie. Pour subvenir à ses besoins. C'est d'ailleurs justement à cause de cette marque de la soumission à la contrainte naturelle que le travail souffre d'une représentation négative autant dans la Bible (Genèse) que dans l'antiquité. Cf Hannah Arendt dans La condition de l’homme moderne: “Travailler, c’était l’asservissement à la nécessité, et cet asservissement était inhérent aux conditions de la vie humaine. Les hommes étant soumis aux nécessités de la vie ne pouvaient se libérer qu’en dominant ceux qu’ils soumettaient de force à la nécessité”
I.2 Mais spécificité humaine : en travaillant l'homme satisfait à l'utile non seulement pour soi mais pour l'ensemble de la cité. cf Platon, La République : «Ce qui donne naissance à une cité, repris-je, c'est, je crois, l'impuissance où se trouve chaque individu de se suffire à lui-même, et le besoin qu'il éprouve d'une foule de choses ; ou bien penses-tu qu'il y ait quelque autre cause à l'origine d'une cité? » . A cette fin chacun dans la cité doit se spécialiser afin de pourvoir non seulement au nécessaire mais aussi au superflu de manière efficace.