Début décembre 2010, le quotidien local Presse Océan annonce qu’un de ses journalistes a découvert un manuscrit de Léonard de Vinci à la Médiathèque de Nantes. Il s’agit d’un fragment d’environ 10x20 cm découpé dans un document plus grande. Le soir même, Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes et Agnès Marcetteau, directrice de la Médiathèque, convoquent la presse pour proclamer la découverte devant les caméras de télévision. L’ensemble de la presse française et même bon nombre de journaux étrangers relaient l’information.
Hélas, elle est fausse, ou du moins biaisée : le manuscrit nantais n’était pas du tout inconnu. Presse Océan le reconnaît honnêtement dès le 7 décembre après avoir interrogé le professeur italo-américain Carlo Pedretti, plus grand spécialiste actuel de Léonard de Vinci. Le document avait été identifié dès 1957 par Renzo Cianchi.
Ce seul fait confère au modeste fragment conservé à Nantes un lustre particulier. Renzo Cianchi (1901-1985) occupe en effet une place centrale parmi les spécialistes de l’œuvre de Vinci au 20ème siècle. Acteur essentiel de la création de la Biblioteca Leonardiana de Vinci en 1928, il en a été le conservateur pendant des décennies (une étudiante de l’université de Florence lui a consacré en 2009 une thèse intitulée « Renzo Cianchi, una vita dedicata alla Biblioteca Leonardiana di Vinci »). Ses travaux sont régulièrement cités par des chercheurs du monde entier.
Cianchi n’avait pas gardé pour lui sa découverte nantaise : il l’avait fait fait connaître par un article publié sous un titre parfaitement explicite (« Un frammento inedito di Leonardo da Vinci nella Biblioteca Municipale di Nantes ») dans le tome XIX de la Bibliothèque d’Humanisme et de Renaissance. Ce travail a été cité à diverses reprises, en particulier dans les Studi Vinciani de Carlo Pedretti (Librairie Droz, Genève, 1957) et un article du même, « Complementi al folio di Nantes », paru en 1962 dans Raccolta Vinciana. Il est répertorié par le Fonds Corbeau sur