E-u et le leadership
Sommaire
1. La mesure de la part des salaires dans l'ensemble de l'économie
2. Se mettre d'accord sur les termes a. Les salaires b. La valeur ajoutée
3. La question des amortissements
4. Comparaisons européennes
5. Pourquoi la période 1974-1987 a-t-elle été atypique ?
6. Pourquoi les salariés français s'estiment-ils victimes ?
7. De la bulle salariale à la bulle actionnariale par Denis Clerc.
Oui ou non, la part des salaires dans la valeur ajoutée - c'est-à-dire dans la richesse produite par l'ensemble des travailleurs au sein de l'économie nationale - est-elle orientée à la baisse ? Répondre sans ambiguïté à cette question est doublement important. D'abord, en termes de justice sociale : si le travail salarié, qui représente aujourd'hui les neuf dixièmes des personnes en emploi dans la société française, voit sa part diminuer, cela signifie qu'une partie importante de la population ne perçoit pas la totalité de ce à quoi elle aspire légitimement, et qu'il faut donc trouver le moyen de réduire, voire de supprimer cette injustice. Ensuite, en termes d'efficacité macroéconomique : si la demande de biens et services de consommation issue du monde salarié est comprimée, c'est la dynamique du système économique elle-même qui est freinée, à la fois directement, parce que cette consommation en est le principal moteur, et indirectement, parce que c'est sur la masse salariale qu'est financé l'essentiel de la protection sociale : tout ralentissement relatif de cette masse salariale implique à terme soit un déficit accru de la protection sociale, soit une compression. Au niveau national, on joue tout de suite sur des chiffres importants : 1 point de valeur ajoutée approprié par le capital au détriment du travail salarié, ce sont 16 milliards d'euros qui basculent, se répartissant en 9 milliards de salaires nets et 7 milliards de cotisations sociales