Etre libre est-ce agir sans contrainte ?
Etre libre c’est faire ce que je veux, c’est réaliser mes désirs sans subir la moindre influence ou limitation. C’est me laisser aller à ma spontanéité qui me permet de m’affirmer tel que je suis sans retenue ni calcul. Or la contrainte, qu’elle soit celle de mon environnement naturel ou social limite mes possibilités et m’empêche d’être totalement moi-même. De ce point de vue, la liberté ne doit-elle pas refuser la contrainte autrement dit en faire abstraction pour pouvoir exister ?
Toutefois si je réalise mes désirs sans tenir compte des règles et des contraintes extérieures, ne suis-je pas condamné à ne pas être libre au sens de responsable ? Agir en suivant ses impulsions ou passions, c’est ne pas être l’auteur de ses actes mais c’est subir une force aveugle qui ne me permet pas de mesurer les conséquences de mes décisions. Je suis dès lors étranger à mes choix parce que je ne peux me reconnaître en eux. Pour répondre de mes actes, il faut donc pouvoir en anticiper les répercussions. Or ce que je considère d’abord comme une forme de contrainte, à savoir les lois, ne me permettent-elles pas d’agir en connaissance de cause et donc d’être libre au sens de responsable ?
Si les lois sont des auxiliaires à la liberté, autrui qui habite mon environnement culturel, ne constitue-t-il pas un obstacle à la responsabilité ? Si les lois posent des cadres fixes rassurants, parce que prévisibles, les réactions d’autrui sont contingentes. Ainsi les conséquences de mes actes qui interfèrent avec la présence d’autrui peuvent-elles être anticipées et voulues ? Pourtant n’est-ce pas cette contrainte radicale qui me permet de mesurer ce que je veux vraiment ? L’homme peut-il savoir ce qu’il veut s’il ne met pas sa volonté à l’épreuve de la résistance qu’offre une réalité contraignante ? Aussi, loin d’être un obstacle à la réalisation de la liberté, la contrainte n’en serait-elle pas le moteur ? De plus la contrainte est-elle une