Acteurs et mécanismes de la politique étrangère américaine
“The Constitution is an invitation to struggle for the privilege of directing American foreign policy” écrivit le constitutionnaliste Edward Samuel Corwin (1878-1963). Adoptée par la Convention du 17 septembre 1787 réunie à Philadelphie, la Constitution des Etats-Unis permit en effet d’attribuer, aux branches exécutive et législative du gouvernement, un ensemble de prérogatives relatives à la définition et à la mise en œuvre de la politique étrangère américaine. Bien que l’objectif initial des Pères Fondateurs fût de favoriser la coopération entre le Président et les deux Chambres formant le Congrès, la relative imprécision des articles I-8, II-2 et II-3 conduisit le Commander-in-chief à étendre ses pouvoirs au détriment de la branche législative. Ce renforcement des pouvoirs présidentiels, ainsi que l’apparition de nouveaux acteurs exerçant une influence sur le décideur public, ont contribué à l’évolution des mécanismes décisionnels de la politique étrangère américaine. Il s’agit dès lors de se demander si cette évolution a véritablement remis en cause le système de checks and balances souhaité par les Pères Fondateurs. Si le mécanisme décisionnel de la politique étrangère américaine, caractérisé sur le plan constitutionnel par une distribution des pouvoirs entre branches exécutive et législative, est soumis à l’influence croissante de certains acteurs non institutionnels (I), les évolutions que ce mécanisme a connues, notamment au cours de la Guerre froide et au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001, fragilisent le système de checks and balances instauré à l’initiative des Pères Fondateurs (II).
I°) Caractérisé, sur le plan constitutionnel, par une distribution des pouvoirs entre branches exécutive et législative, le mécanisme décisionnel de la politique étrangère américaine est aujourd’hui soumis à l’influence croissante de certains acteurs non institutionnels.