Bilan de séquence - musset
Camille, à peine sortie du couvent, retrouve son cousin et ami d’enfance, Perdican, qui vient de terminer ses études et a une certaine expérience de la vie. Les deux jeunes gens sont destinés l’un à l’autre, mais n’osant s’avouer leur amour, ils feignent l’indifférence et la froideur. Camille provoque le jeune homme en lui annonçant qu’elle va bientôt retourner au couvent. Perdican est désespéré.
PERDICAN : […] Tu as raison de te faire religieuse.
CAMILLE : Vous me disiez non tout à l'heure.
PERDICAN : Ai-je dit non ? Cela est possible.
CAMILLE : Ainsi vous me le conseillez ?
PERDICAN : Ainsi tu ne crois à rien ?
CAMILLE : Lève la tête, Perdican ! Quel est l'homme qui ne croit à rien ?
PERDICAN : se levant. - En voilà un ; je ne crois pas à la vie immortelle. – Ma sœur chérie, les religieuses t'ont donné leur expérience ; mais, crois-moi, ce n'est pas la tienne ; tu ne mourras pas sans aimer.
CAMILLE : Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir ; je veux aimer d'un amour éternel, et faire des serments qui ne se violent pas. Voilà mon amant. (Elle montre son crucifix)
PERDICAN : Cet amant-là n'exclut pas les autres.
CAMILLE : Pour moi, du moins, il les exclura. Ne souriez pas, Perdican ! Il y a dix ans que je ne vous ai vu, et je pars demain. Dans dix autres années, si nous nous revoyons, nous en reparlerons. J'ai voulu ne pas rester dans votre souvenir comme une froide statue ; car l'insensibilité mène au point où j'en suis. Ecoutez-moi : retournez à la vie, et tant que vous serez heureux, tant que vous aimerez comme on peut aimer sur la terre, oubliez votre sœur Camille ; mais s'il vous arrive jamais d'être oublié ou d'oublier vous-même, si l'ange de l'espérance vous abandonne, lorsque vous serez seul avec le vide dans le cœur, pensez à moi qui prierai pour vous.
PERDICAN : Tu es une orgueilleuse ; prends garde à toi.
CAMILLE : Pourquoi ?
PERDICAN : Tu as dix-huit ans, et tu ne crois