Commentaire composé : incipit
Explication
Comme à son habitude, Diderot commence très tôt beaucoup d’œuvres qu’il laisse longtemps en gestation. Il les enrichit au fur et à mesure. Aussi ne connaît-on pas la date exacte de composition de Jacques. En revanche, le texte a été diffusé dès 1778 dans La Correspondance littéraire de Grimm, sorte de gazette littéraire et artistique destinée aux souverains éclairés de l’Europe.
De quoi retourne-t-il ? Jacques entreprend de conter l’histoire de ses amours à son maître mais des éléments extérieurs incongrus, des associations d’idées insolites l’interrompent sans cesse. D’où une esthétique des récits emboîtés, analysés par R. Mauzi, " La parodie dans Jacques le fataliste ", Diderot Studies, 1964), une variété de tons, allant du romanesque sentimental au picaresque, en passant par l’anecdote polissonne.
Ce roman se présente aussi, de manière très moderne comme une " archéologie du roman ". Diderot, influencé par la lecture de Tristam Shandy de Sterne, réfléchit aux codes romanesques, aux ficelles narratives. L’incipit ou l’entrée en fiction est le lieu providentiel pour dévoiler le mécanisme de génération du roman.
En effet, quels sont les objectifs d’un incipit romanesque tels qu’ils ont été mis au jour par la critique ? Nous faisons allusion à J. Dubois dans " Surcodage et protocole de lecture ", Poétique n° 16, C. Duchet, " Idéologie de la mise en texte ", La pensée (oct. 1980), G. Genette, Seuils, Y. Chevrel, Le naturalisme, Paris, PUF, coll. " Littératures modernes ", 1982, (chap. VII).
L’entrée en fiction a une finalité stratégique : c’est le lieu où le roman est confronté à l’arbitraire de ses origines et de sa fiction. On comprend d’emblée le rôle joué par les " effets de réel ". Dubois distingue 4 fonctions du début que l’on retiendra comme axes directeurs.
L’incipit doit :
- établir un rapport avec le titre ;
- ménager des relations avec le "