Il est encré dans les mœurs que la liberté signifie être dégagé de toute obligation, ou encore de pouvoir agir sans contrainte, c'est à dire de pouvoir faire ce que nous voulons, quand nous le voulons et où nous le voulons. Cependant, selon Baruch Spinoza la liberté appartient à celui qui vit sous la seule autorité de la Raison et ce, de son entier consentement, donc à celui qui sait différencier le bien du mal, et qui, par son esprit, saura définir les lignes de conduites raisonnables que dicte la Raison. Le texte étudié est tiré du Traité théologico-politique. Il est intéressant de remarquer que Kant avait quant à lui une vision plus ou moins similaire de la liberté : « Être libre, c'est être moral ». Partant de cette pensée, il serait faux d'opposer liberté et obéissance. Il est donc concevable, selon Spinoza, d'être libre tout en obéissant à un tiers, ou du moins à sa Raison, tant que la Raison ne nous freine pas. Mais comment peut-on affirmer que la liberté consiste à obéir à une loi quelconque, alors que la définition même de la liberté est d'être dénué de toute obligation et contrainte ? Comment peut-on obéir tout en étant libre ? Les deux notions seraient-elles liées ? Il s'agit là d'un paradoxe entre liberté et loi, ces deux termes qui semblent pourtant totalement opposés. Spinoza établit cette thèse dans un développement où l'on peut distinguer trois parties. Des lignes 1 à 4, il émet une critique de l'opinion commune en maintenant l'idée que la liberté n'est pas la licence, mais la conduite raisonnable et autonome. Des lignes 4 à 8, Spinoza met en avant les notions d'esclavage et de sujétion, en distinguant deux types d’obéissance. Enfin, des lignes 8 à 12, il tire les conséquences de ce qui précède et établit donc la thèse que pourvu que certaines conditions soient respectées, vivre dans l’État, c’est être libre.
Comme le signale le syntagme « On pense que…», le texte s’ouvre sur l’expression d’une opinion que Spinoza ne fait que rapporter, et dont