La démocratie délibérative suppose que les décisions politiques légitimes telles que la distribution de fonctions publiques soient prisent après discussion et décision collective de l’ensemble des citoyens y compris des minorités que constitues cette démocratie. Selon Rousseau, la légitimité d’une telle décision tient du fait que les citoyens font partis d’un tout, d’un seul et même corps. Chaque décision prise ensemble n’a donc pas pour intérêt de nuire à ce corps sous peine d’autodestruction. Or selon Bernard Manin l’idéal de la démocratie délibérative va plus loin. Dans un article paru dans Le Débat en 1985 il propose une réflexion sur la démocratie délibérative. Vingt- quatre ans plus tard, ses idées sont toujours su la table des débats philosophiques et c’est dans un entretien avec Loïc Blondiaux dans la revue Politix, qu’il revient sur ses écrits. Au cours de cet article, il devient le lien entre les philosophes français et anglo-saxons. En effet, aux Etats-Unis, l’idée de démocratie délibérative est l’un des paradigmes les plus importants de la philosophie politique. Cette montée en puissance de l’intérêt pour cet idéal délibératif dans la philosophie politique s’accompagne d’un renouveau des méthodes d’analyse et de réception de l’opinion publique. Ces méthodologies sont elles aussi l’objet d’un article publié dans Politix par Loïc Blondiaux.
I. Une vision idéaliste de la démocratie délibérative
La délibération pour obtenir l’accord d’autrui
Il faut penser la délibération comme un processus permettant de prendre des décisions par l’accord aval d’autrui et non comme un marchandage ou comme un accord d’échange. En avançant des arguments et en échangeant des avis. En effet, l’idée centrale de la démocratie délibérative se fonde sur le fait que les individus n’ont pas d’avis tranchés sur une question et qu’ils sont imperméables aux autres avis de leurs congénères. Ils peuvent certes avoir des