concepts scientifiques
Les théories de la connaissance s'accordent généralement à reconnaître qu'il y a essentiellement, dans l'être humain, deux modes de connaissances de la réalité, l'un qui porte directement sur le concret, saisi dans sa singularité, l'autre qui n'atteint le réel qu'à travers des déterminations de caractère abstrait (séparées des individus concrets en lesquels elles peuvent éventuellement se trouver réalisées). Le premier mode caractérise l'intuition, le second la connaissance par concepts. Kant définit l'intuition comme le mode par lequel la connaissance « se rapporte immédiatement aux objets et auquel tend toute pensée comme au but en vue duquel elle est le moyen ». On pourrait, en utilisant le terme général de représentation pour caractériser la connaissance, dire que l'intuition est une représentation singulière (c'est-à-dire portant sur le singulier) et que le concept est une représentation générale. Mais le recours à ce terme de représentation risque d'engager l'épistémologie dans la voie d'un réalisme indirect, qui n'est pas sans poser bien des problèmes (nous ne connaissons à proprement parler que nos représentations, et nous ne connaissons le réel qu'indirectement, par l'intermédiaire de celles-ci). Il serait plus conforme aux données que fournit l'analyse de l'activité cognitive de caractériser la connaissance par l'expression d'intentionnalité assimilatrice. Il faudrait alors distinguer deux modalités de cette intentionnalité : l'une qui vise le concret tel qu'il se donne, de façon immédiate, l'autre qui vise le concret de façon médiate, à travers des déterminations que l'esprit peut considérer en elles-mêmes, à l'état isolé, et en tant précisément que séparées de leurs supports concrets. Le concept peut être défini, dans cette perspective, comme la médiation par laquelle opère l'intentionnalité cognitive lorsqu'elle vise ainsi le réel à travers l'élément de la généralité.
1. Les propriétés du concept
La tradition rationaliste établit une