Condition humaine
Edgar Morin conçoit la société comme l’imbrication d’un système culturel et d’un système social. Ces deux systèmes s’institutionnalisent dans une structure qui confère à la société une grande stabilité.
La méthode cartésienne devait permettre à l’homme de « bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences » ; Edgar Morin, en entreprenant la rédaction de cette monumentale Méthode (5 tomes), n’avait pas d’autre ambition. Sauf que la vérité que poursuit Morin ne se cantonne pas dans les « idées claires et distinctes ». La Méthode qu’il élabore ici ne craint pas, en effet, d’appréhender la complexité du réel: le fait que :
* l’homme est tout à la fois un individu biologique et un acteur social; * dans la nature, l’ordre peut naître du désordre, et réciproquement ; * ce qui limite la connaissance – comme l’avait bien vu Kant – porte la marque du sujet qui le connaît et, qu’inversement, tout sujet connaissant porte l’empreinte du monde extérieur.
Un tel dessein, on l’aura compris, ne s’accommode guère d’une méthode réductrice et simplificatrice, d’une méthode qui entend isoler les phénomènes de leur environnement, éliminer l’observateur de l’observation, exclure de la science tout ce qui n’entre pas dans le schéma linéaire pris pour modèle par Descartes : l’aléatoire, l’incertain, l’anormal, le compliqué. Il s’agit, au contraire, d’adopter le paradigme de complexité qui permette de concevoir comme lié ce qui, jusqu’ici, était considéré comme disjoint. Et l’auteur de battre en brèche les cloisonnements et alternatives dont l’histoire de la philosophie a fait de véritables dogmes : dualisme de l’homme et de la nature, de la matière et de l’esprit, du sujet et de l’objet, de la cause et de l’effet, du sentiment et de la raison, de l’un et du multiple…
Ainsi, le cheminement d’Edgar Morin à partir des années 1990 le conduit vers l’éducation. Concernant l’éducation, l’auteur préconise, dans «La tête bien faite