CORRIGE DU COMMENTAIRE DES QUELQUES LIGNES DE SPINOZA
« Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leurs appétits et ignorent les causes qui les déterminent. »
Spinoza prétend ici dénoncer une illusion commune à tous les hommes : les hommes se croient libres mais ils ne le sont pas. Ainsi, il se place d’amblée dans une position polémique et se moque avec une certaine ironie des hommes et de leur orgueil. Les hommes se font une fierté de cette prétendue liberté ; ils croient naïvement qu’ils ont cette faculté de décider par eux-mêmes, de n’obéir qu’à eux-mêmes en échappant à toute forme d’oppression et d’influences extérieures. Depuis des siècles en effet, l’homme s’attribue une place d’exception dans l’univers, il se prétend supérieur aux autres espèces et capable de se soustraire aux lois nécessaires et naturelles qui régissent le monde. Mais c’est une grossière erreur, qui a pour origine l’ignorance de l’homme. L’homme est certes doté de conscience, de cette faculté à saisir son existence et son environnement, à penser par lui-même. Mais cela ne signifie pas qu’il sait tout. Au contraire, il saisit ses multiples désirs, se fait une représentation mentale des objets matériels, culturels ou symboliques dont il attend une satisfaction. Ainsi, il peut volontairement agir pour combler ces désirs. Mais l’origine de ses désirs, la cause qui les a fait naître et les a provoqués lui restent à jamais inconnues. En effet, ces causes sont lointaines, elles appartiennent au passé et sont si complexes que nous ne les percevons pas directement. Spinoza applique ainsi à l’homme le déterminisme, principe selon lequel tout phénomène a une cause et rien n’arrive au hasard. L’homme, contrairement à ce que lui fait croire sa vanité, n’est pas une exception dans la nature : ses actes, comme tous les phénomènes de l’univers, ne sont que des effets produits par des causes.
D’un