Cours culture
Introduction L'origine du mot suggère l'idée d'assujettissement, de torture. L'étymologie du mot français «travail» nous renvoie au latin tripalium qui désignait un instrument de trois pieux destiné à maintenir les bœufs ou les chevaux difficiles pour les ferrer. Le substantif travailleor qui en est issu directement – et qui prend rapidement la forme «travailleur» – signifie d'abord non pas artisan, ouvrier, mais bourreau, tourmenteur. On dit que le bourreau «travaille» les côtes ou les membres du condamné. On dit encore communément qu'une femme qui accouche est «en travail». Le mot latin labor désigne à la fois le travail et la souffrance, comme aussi le mot français peine (j'ai beaucoup de peine, un homme de peine). En effet, le travail exprime à l'origine la servitude de l'homme qui ne parvient à survivre dans la nature que par un effort douloureux. II faut manger, se chauffer, se vêtir. Le travail est le «signe de l'aliénation», de l'homme perdu dans une nature indifférente ou hostile à laquelle il faut coûte que coûte s'adapter pour subsister. Ainsi, pour les Grecs, le travail exprime la misère de l'homme, non sa noblesse. Le travail signifie notre liaison au «monde de la caverne», c'est-à-dire au monde de la matière, tandis que la contemplation du sage nous fait oublier que l'homme est assujetti au monde matériel et tourne l'«œil de l'âme» vers la splendeur rayonnante des idées pures. Le dualisme platonicien (monde des idées éternelles et monde de la matière changeante) est l'expression du dualisme social : d'un côté les hommes libres qui contemplent les idées, de l'autre les esclaves occupés à travailler douloureusement sur la matière. Même l'ingénieur est chez Platon l'objet d'un certain mépris : «Tu ne voudrais ni donner à son fils ta fille ni épouser toi-même la sienne.». De leur côté, les Latins ne manquaient pas d'opposer l'otium, le loisir studieux, au negotium, le travail, les affaires. Le travail revêt