Cours sur droit et justice (philosophie terminale)
I] Justice et légalité
On trouve chez Aristote une double définition de la justice, qui insiste notamment sur la signification essentiellement juridique (qui dit justice dit droit).
Aristote : « Nous avons déjà défini l’injustice, ce qui est illégal et inégal ; le juste : ce qui est prescrit par la loi et ce qui s’accorde avec l’égalité » Ethique à Nicomaque, livre V. * La justice désigne ce qui est conforme à la loi et à l’égalité.
Remarque : Il doit donc y avoir un critère ou des marques, pour savoir ce qui est conforme et ce qui ne l’est pas.
Lorsque la justice est synonyme d’un partage égal, on peut penser qu’on procède à une opération calculatoire… Mais la justice passe aussi par le sentiment… Enfin, une distribution complètement égalitaire ne peut-elle pas produire des injustices ? Cependant faire des préférences, ce n’est pas toujours commettre des injustices.
La justice humaine mêle donc raison et sentiments, s’accomplissant toujours dans une incertitude relative. Dans l’identification entre le juste et l’injuste l’homme peut néanmoins s’appuyer sur des lois dont la validité peut-être jugée incontestable. * A quelles lois se réfère-t-on pour penser la justice ?
Remarque : Les différents registres de la loi que nous allons évoquer ne s’excluent pas mutuellement mais peuvent être enchâssées l’un dans l’autre (= une loi peut se fonder sur une autre loi : Exemple du droit musulman ; La loi de l’état se fonde sur la Charia)
A- La loi de nature (ou loi du plus fort, grec : phusis)
Cf Spinoza : « Dans la nature les gros poissons mangent les petits ». Est-ce que cette loi de nature peut servir de fondement aux lois de l’Etat ? Est-elle une norme supérieure de justice ?Si tel est le cas, les lois de l’Etat devraient favoriser les plus forts au détriment des plus faibles ; c’est-à-dire faire en sorte que les meilleurs obtiennent les meilleurs postes et finalement gouvernent la masse faible…
En ce sens l’ordre