Critique du droit du travail
Elle fait disparaître le salarié, en tant que sujet de droit, de l'horizon du droit civil lorsqu'il rentre dans l'entreprise, pour laisser place à un sujet tout court, soumis au pouvoir de direction du chef d'entreprise. Le droit du travail a eu et a toujours pour première raison d'être, de pallier ce manque, c'est-à-dire de « civiliser » le pouvoir patronal, en le dotant d'un cadre juridique là où il s'exerce, c'est-à-dire dans l'entreprise.Par le contrat de travail, le salarié abdique une partie de sa liberté pour se mettre sous la subordination d'autrui. Une partie seulement puisqu'en toute hypothèse cette subordination est cantonnée aux temps et au lieu de l'exécution de la …afficher plus de contenu…
Les concepts propres à cette législation industrielle sont en effet directement issus de la pratique des relations de travail. Ce sont d'abord des faits observés et dénoncés par les enquêtes sur la condition ouvrière qui font irruption dans l'ordre juridique. Là où par exemple le droit des obligations ne voyait qu'un échange synallagmatique de prestations entre cocontractants, les premières lois limitant la durée du travail ou organisant un système spécifique de réparation des accidents du travail font apparaître au niveau juridique la place centrale du corps humain dans la relation de travail: corps d'enfants travaillant dans les mines, corps d'ouvriers éventrés