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Question d’Europe n°352 13 avril 2015

Jean-Dominique GIULIANI

Le défi de l’immigration clandestine en Méditerranée
Résumé :
La question migratoire bouscule la politique intérieure des Etats membres. Les mouvements protestataires s’en sont emparés pour remettre en cause l’action des gouvernements et des institutions européennes. Les idées simples fleurissent, s’en prenant aux accords de Schengen, à l’inefficacité des politiques nationales ou européennes. La réalité est bien différente : l’Europe est confrontée à un défi considérable qu’elle ne relèvera que dans la durée. Il exige de la constance dans l’effort, du courage, de l’imagination et très certainement le refus des slogans.
La présente contribution à cette nécessaire réflexion est la reprise actualisée d’une étude parue en décembre dans la revue « Etudes marines » du CESM.

Le nombre de déplacés dans le monde ne cesse de

l’Afrique à tenter l’aventure en Europe. La Méditerranée

s’accroître [1]. La violence et les conflits en sont les

est au cœur de cette nouvelle problématique.

causes premières. L’Europe, riveraine de nombre

Cette pression d’une ampleur nouvelle a conduit l’Union

d’entre eux, admet chaque année plus de 1,5 million

et ses Etats membres à mettre en œuvre des réponses

de migrants réguliers [2], mais recensait déjà au

communes ou spécifiques qui n’ont pas réussi à enrayer

troisième trimestre 2014, 128 725 séjours irréguliers

ce flux et à sécuriser nos voies d’accès maritimes. La

sur son territoire [3]. Le nombre de demandeurs d’asile

question est posée d’une politique plus efficace.

pourrait bondir à 700 000 (+28%). De 276 113 en
2014 [4], le nombre estimé d’entrées irrégulières sur

L’IMMIGRATION CLANDESTINE : DE LA TERRE

le territoire européen (dont 60 000 par la mer) pourrait

VERS LA MER

encore augmenter. Le flux d’immigration clandestine détectée n’a jamais été aussi élevé qu’en 2014, en

Alors que les frontières terrestres avaient été depuis