Au début du XIXe siècle, la production littéraire se définit par l’expression des sentiments. Le roman ne fait pas exception à cette règle, et ce, dès le début du romantisme. C’est particulièrement le cas de René de Chateaubriand, un texte autobiographique où l’auteur étudie ses passions. Composé en Angleterre en 1802, au cœur de l’exil auquel la Révolution française avait condamné son auteur, l’extrait « Levez-vous vite, orages désirés » …afficher plus de contenu…

Ainsi donc, René est loin d’être simplement mélancolique : les émotions noires qu’il ressent font sentir leur puissante emprise sur lui et apparaissent comme une menace. Or , malgré tout, dans ses méditations, René n’en demeure pas moins aussi sujet à des sentiments positifs puisqu’il oscille en réalité entre des hauts et des bas. Tout compte …afficher plus de contenu…

Quelques antithèses, notamment, traduisent cette ambiguïté affective de manière claire en rapprochant des mots de sens opposés. Celle-ci, par exemple, identifie les sentiments de plénitude et de sérénité à ceux d’agitation et de vide dans une seule et même phrase : « cet état de calme et de trouble, d’indigence et de richesse, n’était pas sans quelques charmes. » Il en ressort un effet de confusion dans la mesure où le personnage éprouve ces sentiments opposés en même temps. Ainsi, en réunissant des termes aux sens contradictoires l’antithèse exprime précisément le déchirement affectif du personnage. À la lueur de cette réflexion, on constate qu’en faisant part de ses sentiments, René n’est pas seulement fidèle à leur fluctuation, à ses changements d’humeur, il va jusqu’à découvrir en lui-même des états émotifs complexes où se mêlent le ravissement et la