Droit
B. Marx. Phénomène de l'aliénation
Distinguer deux points de vue sur le travail : l'un qui cherche à déceler la signification anthropologique du travail (celui de Hegel), l'autre qui s'attache à décrire les conditions économiques-sociales, dans lesquelles cette activité est exercée de fait, historiquement (celui de Marx). La pensée de Marx est consacrée, pour l'essentiel, à l'organisation capitaliste
Qui dit aliénation, [le concept est emprunté à Hegel] dit dépossession de soi. L'aliénation est dessaisissement de ce qui nous appartient ou nous définit en propre. Être aliéné, c'est, en quelque façon, devenir "étranger" à soi-même (cf. étym.) Le travail de l'ouvrier est par nature aliénant : en travaillant pour un autre, l'ouvrier est privé en grande partie du bénéfice de son activité.Pur expliquer la forme économique que prend cette dépossession, Marx met au point le concept de plus-value.Étant donnée que l'aliénation est liée à la division du travail (en régime capitaliste), Marx voit dans la suppression de la propriété privée des moyens de production le moyen d'y mettre fin.Reconnaître que le travail constitue un chemin d'humanisation, cela conduit-il à réduire l'homme à son activité productrice ? En d'autres termes, l'épanouissement humain passe-t-il exclusivement par le travail ?
En quoi consiste l'aliénation du travail ? D'abord, dans le fait que le travail est extérieur à l'ouvrier, c'est-à-dire qu'il n'appartient pas à son essence, que donc, dans son travail, celui-ci ne s'affirme pas, mais se nie, ne se sent pas à l'aise, mais malheureux ; il n'y déploie pas une libre activité physique et intellectuelle, mais mortifie son corps et ruine son esprit. En conséquence, l'ouvrier ne se sent lui-même qu'en dehors du travail et dans le travail il se sent extérieur à lui-même. Il est à l'aise quand il ne travaille pas et, quand il travaille, il ne se sent pas à l'aise. Son travail n'est donc pas volontaire, mais contraint,