Etude de Corps perdu d’Aimé Césaire

Corps perdu est un poème d’Aimé Césaire, poète et homme politique français de Martinique, né en 1913 et mort en 2008. Il est l'un des fondateurs du mouvement littéraire de la négritude et un anticolonialiste résolu.
Ce poème fait partie du recueil de poèmes éponyme, publié pour la première fois en 1959. Cette édition joignait aux textes de Césaire 32 eaux-fortes de Pablo Picasso. Ce recueil fera l’objet d’une nouvelle publication en 1961, aux éditions du Seuil, cette fois en étant intégré au recueil Cadastre. Cet ensemble de poèmes fera l’objet de nombreux remaniements et corrections, allant principalement dans le sens d’une épuration, découlant de la volonté de Césaire de condenser son discours afin de le rendre plus efficace et percutant. LECTURE
La volonté de Césaire d’épurer ce recueil de poème, de condenser son propos, semble prendre tout son sens dans ce poème.
Corps perdu s’ouvre en effet sur une affirmation du « je » césairien, et par extension du peuple noir dont il est le porte parole, en opposition à l’image du colonisateur blanc, pour ensuite décrire le processus de quête de la négritude et de l’identité, quête qui aboutit dans les derniers vers à une parole prophétique, performative, qui ordonne la constitution d’une identité noire, de la négritude. Le titre-même du poème, « Corps perdu », est révélateur de la dimension exemplaire de ce poème par rapport à l’ensemble de l’œuvre. En effet, si les définitions du mot corps sont nombreuses, et que l’on sait que Césaire joue volontiers avec les sens des mots, il semble peu risqué d’avancer que ce corps perdu est l’identité, la dignité, l’intégrité du peuple noir, éclaté et déchu de son statut d’homme, privé de son passé par l’esclavage et la colonisation. Ce corps perdu est le centre de la quête de Césaire, qui tente de le retrouver, de réparer les dommages qui ont causé la perte de son intégrité, de son cordon ombilical qui le rattachait à la terre-mère, à son