[Explication de texte] sénèque - le bonheur
EXPLICATION DE TEXTE
La question du rôle des désirs dans l’accomplissement du bonheur peut admettre une double interprétation. Selon un premier type de philosophie, le désir est intrinsèquement lié au bonheur car il permet souvent, lorsqu’il n’est pas de nature mauvaise ou exprimé avec excès, d’accéder directement au plaisir qui permet, dans une optique hédoniste, d’atteindre la fin ultime de l’existence humaine, c’est-à-dire le bonheur. Pour la philosophie stoïcienne, au contraire, le désir faisant partie des « mouvements irrationnels de l’âme » est assimilé à la passion et donc au mal dont souffre celui qui ne vit pas selon la vertu et la raison. Selon une telle philosophie, le bonheur, ne pouvant être atteint par l’homme à la seule force de son esprit, est donc contraint à dépendre des aléas de la fortune et ne peux aucunement découler de certains désirs. Or c’est bien dans cette seconde perspective que se situe Sénèque, pour qui les désirs s’assimilent à des maladies qu’il faut fuir pour les empêcher d’envahir l’être et d’empoisonner l’âme. Il cherche en effet à montrer que, bien que si le malheur peut être décelé par diverses manifestations, il se caractérise irrémédiablement par le mécontentement de soi, ce qu’il énonce dans sa thèse « Il y a d’innombrable symptômes du mal, mais qui tous conduisent au même résultat : le mécontentement de soi ». Le malheur est une fin qui guette quiconque souffrant d’un déséquilibre de l’âme et cédant à ses désirs. Celui-ci se voit inévitablement confronté à une espérance stérile par crainte de réaliser ses désirs ou à la frustration causée par ses efforts démesurés et menant irrémédiablement à l’échec de son entreprise. Cela le conduit donc à tenter de les assouvir par tous les moyens possibles, aussi peu estimables soient-ils, et de souffrir ensuite non seulement de son échec, mais également de la cruelle inutilité de ce déshonneur. Aussi se voit-il pris en les lacs de ses désirs qu’il ne peut