Celui qui croit et celui qui sait ont un rapport direct avec la vérité. Celui qui croit tient pour vrai ce qui ne l’est pas nécessairement, l’autre possède un jugement objectivement conforme à la réalité. Un croyant peut même être intransigeant ou sectaire de son jugement : il n’accepte pas de critique quant à la vérité de ce qu’il croit. De la même façon, mais pour d’autres raisons, un savant, un scientifique ne remettra pas en doute une théorie largement prouvée. La différence réside dans la modalité de ce rapport à la vérité. La vérité du savoir exige la clarté, la cohérence, un caractère d’objectivité : elle est partagée par tous grâce à des démonstrations et à des preuves. En opposition, n’importe qui peut revendiquer le droit d’avoir des croyances particulières, d’avoir accès à une vérité de cœur qui ne dépend d’aucune preuve ni démonstration. Il est vrai qu’un sentiment ne peut se prouver par autre chose que lui-même ; on rejoint alors l’opinion et le jugement que l’on exerce sur ce sentiment par la pensée. La croyance serait donc le fait d’estimer vraies ses paroles tandis que le savoir résiderait dans l’appréhension par l’esprit pour pouvoir affirmer l’existence de quelque chose. On pourrait ainsi se demander s’il faut substituer le savoir à la croyance ? Or les deux concepts paraissent déterminer deux attitudes très différentes, contraires voire même contradictoires. En fait, serait-il nécessaire de supprimer la croyance au profit du savoir, qui pourtant semblent tous deux s’exclure ? On pourrait alors tout d’abord penser qu’effectivement le savoir devrait se suppléer à croyance car à quoi bon la croyance si on sait ? Oui mais n’y a-t-il aucune coexistence possible entre croire et savoir ? Bref, leurs distinctions peuvent-elles donc s’accorder et à quelles conditions ?

Parvenir à remplacer la croyance par le savoir voudrait dire que ce dernier suffit là où la croyance n’est pas indispensable et donc que les fondements du savoir l’emportent sur