“Fonction du poète"
Dans cette composition, formée de 6 dizains contenant des vers octosyllabiques (rimes: A-B-A-B-C-C-D-E-E-D), Victor Hugo expose ses idées sur la fonction du poète.
Le poème commence avec le mot «Dieu», figure centrale dans cette nouvelle conception de la poésie. C’est Dieu qui veut que, dans les temps «contraires», c’est-à-dire dans les temps de crise, chacun contribue à faire avancer la société, y compris le poète. Ce dernier doit s’occuper des problèmes de la société, et s’il ne le fait pas, il mérite une punition divine («malheur»), il deviendrait un poète qui s’isole dans un désert (métaphore de l’abandon de la société par le poète), un «penseur qui se mutile», car il a choisi volontairement de ne pas s’occuper des problèmes des autres dans sa poésie. Il a donc «mutilé» sa pensée, il l’a amputée. Ce verbe, qui normalement s’applique à l’aspect physique, sert ici à représenter quelque chose de mental, comme la «cité» représente la vie sociale que ce poète veut abandonner à son sort. Par contraste, on peut déjà comprendre comment doit se comporter un vrai poète: il doit se sentir impliqué par les problèmes de la société, il doit s’engager et utiliser la poésie également pour traiter les sujets sociaux et servir ainsi la société: c’est la volonté de Dieu et il faut donc la respecter.
Dans la deuxième strophe, Hugo reprend le thème du poète investi d’un pouvoir divin, «pareil aux prophètes», celui de voir l’avenir, de l’illuminer, avec la torche, la lumière, qu’est la poésie. Il est considéré par les gens comme «l’homme des utopies», car ils ne comprennent pas ce qu’il dit, mais lui, fidèle à la consigne que lui a donnée Dieu, continue à penser et à créer de la poésie, insensible à toute forme de critique.
Dans le troisième dizain, Hugo nous montre la différence entre le poète tel qu’il le conçoit et le peuple: «Il voit, quand les peuples végètent.»: le peuple est sans réaction, il est veule, passif, car la