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Les discours sur l’« anormalité » comme vecteurs d’inégalités :
Histoire des conceptions du handicap depuis le XIXe siècle
Mariama Kaba
[version provisoire, mai 2008]
En introduction, j’aimerais rappeler que c’est depuis tout récemment que les inégalités dans le domaine du handicap intéressent la législation suisse au niveau national. Comme vous le savez, il y a eu au début de notre siècle :
- L’article 8 sur l’Egalité de la nouvelle Constitution fédérale (en vigueur janvier 2000) qui prévoit pour la 1ère fois « des mesures en vue d’éliminer les inégalités qui frappent les personnes handicapées » (alinéa 4).
- Ces mesures se voient entérinées en 2004 par la « Loi fédérale sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées » (la LHand).
C’est l’aboutissement d’une prise de conscience des inégalités qui ont pris à peu près un demi-siècle pour s’exprimer (depuis les années 1960), souvent par la voix même des personnes en situation de handicap. Cette nouvelle législation du XXIe siècle vise à contrer des inégalités qui, comme je souhaiterais le montre dans ma contribution, se sont constitués à travers divers discours formatés dès le XIXe siècle1.
Certes, les inégalités entre pers. valides et pers. en sit. de handicap existent depuis des siècles, comme l’ont démontré des études remontant not. à l’Antiquité2. Mais le XIXe siècle marque une rupture importante dans le traitement du handicap, perçu comme une nouveau « problème social ». L’industrialisation modifie le rapport au travail et impose une intense exploitation des corps, sur fonds de rentabilité économique : les notions de responsabilité et d’autonomie ainsi que l’idéologie eugénique participent à une nouvelle représentation de l’humain, où la personne en sit. de handicap ne trouve pas sa place. Dans ce contexte, d’anciennes institutions
1 D’après mes recherches sur le sujet : thèse de