Gaz de schiste
Après des mois d'une mobilisation citoyenne exceptionnelle, d'autant plus remarquable qu'elle a vu marcher côte à côte associations, élus de tous bords, syndicats, collectivités et citoyens «lambda», tous révoltés d'avoir été trahis par un système où quelques-uns ont cherché à profiter d'un patrimoine naturel inestimable en toute opacité, l'Assemblée nationale va enfin examiner la proposition de loi visant à abroger les permis d'exploration des huiles et gaz de schistes délivrés en mars 2010 par le gouvernement.
D'abord, les échos, entendus ici et là, qui visent à instaurer un climat favorable à une loi à minima, qui laisserait la porte ouverte, pour les grandes firmes privées dont la force de lobbying est conséquente, à de futures négociations en vue de revenir sur les décisions prises sous la pression populaire une fois que celle-ci sera relâchée. On parle d'"obscurantisme", comme si les risques pour la santé et l'environnement associés aux méthodes actuelles d'exploration et d'exploitation des gaz de schistes étaient compatibles avec toute forme de progrès social ou économique. On agite le spectre d'un litre d'essence à 2 euros, dans un contexte où les interrogations sur l'avenir de la production énergétique dans notre pays sont déjà nombreuses, et où de nombreux Français ont du mal à payer leurs factures énergétiques.
Autre raison de rester vigilants, le rapport d'étape de la mission interministérielle publié récemment ne ferme pas la porte à l'exploration et l'exploitation des gaz de schiste, loin de là ! Il est en effet favorable à la recherche sur les hydrocarbures non conventionnels, puisque "si l'on veut conclure sur l'exploitabilité et la rentabilité économique d'un gisement, il est indispensable de réaliser en outre quelques essais de fracturation hydraulique". Il estime par ailleurs