huis clos
C'est cette liberté même qui les poussa à une loua-
20 ble émulation: faire tout ce qu'ils voyaient faire plai- sir à un seul. Si l'un ou l'une d'entre eux disait:
"Buvons", ils buvaient tous, s'il disait: "Jouons", tous jouaient, s'il disait;: "Allons nous ébattre aux champs", tous y allaient. S'il s'agissait de chasser à
25 courre ou au vol, les dames, montés sur de belles haquenées suivies du palefroi de guerre, portaient sur leur poing joliment gantelé un épervier, un laneret ou un émerillon. Les hommes portaient les autres oiseaux.
30 Ils étaient si bien éduqués qu'il n'y avait parmi eux homme ni femme qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d'instruments de musique, parler cinq ou six langues et y composer, tant en vers qu'en prose. Jamais on ne vit de chevaliers si vaillants, si hardis, si adroits au combat
35 à pied ou à cheval, plus vigoureux, plus agiles, maniant