Judith butler. formation discursive du sujet.
Ainsi, s’agissant du domaine de la représentation politique – lequel constitue, avec la représentation linguistique, « le critère à partir duquel les sujets sont eux-mêmes formés » - il convient de se demander quels types de sujets en résulteront, autrement dit comment le fait même d’envisager de prendre part aux sphères juridiques du pouvoir est révélateur de notre constitution subjective. Foucault suggère alors que les sujets sont produits par les systèmes juridiques du pouvoir de telle manière qu’ils puissent se soumettre aux exigences de la « représentation » politique (et également linguistique). « Autrement dit, résume Butler dans Trouble dans le genre, les conditions nécessaires pour être un sujet doivent d’abord être remplies pour que la représentation devienne possible ». Plus précisément, « le pouvoir juridique « produit » incontestablement ce qu’il prétend simplement représenter ; c’est pourquoi la politique doit s’occuper de cette double fonction du pouvoir : juridique et productive. En effet la loi produit l’idée d’un « sujet » avant la loi, puis fait disparaître cette formation discursive avant de la convoquer à titre de prémisse fondatrice naturalisée pour légitimer en retour l’hégémonie régulatrice de cette même loi ». En d’autres termes, le sujet politique, celui qui est en mesure d’être candidat à la représentation, est déterminé à l’avance, il est régulé par les « notions juridiques du pouvoir (…) de manière purement négative – c'est-à-dire, en termes de restriction, de prohibition, de régulation, de contrôle » et cela, même lorsqu’il entend profiter librement des avantages, des droits que sont sensés garantir les systèmes juridiques. C’est en ce sens que les individus